Avis de l’Autorité de la concurrence, en date du 13 octobre 2025, sur les potentiels risques concurrentiels liés au développement des réseaux de cliniques dans le secteur vétérinaire

Le 18 juin 2024, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a saisi l’Autorité de la concurrence d’une demande d’avis concernant les conditions de fixation du prix des médicaments vétérinaires et l’évolution des coûts des soins vétérinaires en France.

 

Dans ce contexte d’évolution de la profession vétérinaire, l’avis rendu le 13 octobre 2025 par l’Autorité de la concurrence permet de mieux comprendre les risques liés à de potentielles pratiques anti-concurrentielles susceptibles de limiter le libre exercice de la concurrence au sein de la profession.

En effet, l’exercice de la profession vétérinaire s’est diversifié ces dernières années avec l’essor de l’exercice en commun sous forme de sociétés et réseaux de cliniques qualifiés de « corporates ». Ces réseaux, composés d’investisseurs tiers (non professionnels vétérinaires) disposant de parts minoritaires dans le capital, se sont étendus à tel point qu’ils représentent à l’échelle départementale et communale, un niveau de concentration notable qui laisse présager une recomposition durable du paysage vétérinaire dans les années à venir.

Le développement de ces réseaux interroge quant à leur influence sur la dynamique concurrentielle, en particulier sur le marché aval des prestations de services vétérinaires à destination des consommateurs. Une telle évolution pourrait conduire à une concentration trop importante, de nature à affecter la concurrence au détriment des consommateurs, qui se retrouveraient privés de choix alternatifs et exposés à une hausse des prix ou à une dégradation du service.

En outre, les pratiques internes à ces réseaux, telles que la diffusion de grilles tarifaires des actes vétérinaires et la mise en place d’objectifs de chiffre d’affaires et de performance pour les cliniques, soulèvent des interrogations quant au degré d’indépendance économique des vétérinaires membres dans la définition de leur stratégie commerciale. De telles pratiques pourraient, sous certaines conditions, être assimilées à une entente tarifaire. Par ailleurs, les niveaux de concentration des réseaux « corporates » pourraient faciliter l’adoption et le maintien de tarifs élevés par les vétérinaires membres, réduisant ainsi la portée de la concurrence par les prix dans les zones concernées.

Si l’Autorité de la concurrence reconnait que les réseaux « corporates » peuvent apporter des bénéfices sur le marché et sont susceptibles de produire des effets pro-concurrentiels profitant aux consommateurs par des prix ou services plus attractifs, elle veillera toutefois à appréhender les effets structurels induits par le développement progressif des réseaux « corporates » sur le marché. Elle rappelle que, si certaines intégrations de cliniques au sein de ces réseaux seraient assimilées à des concentrations sans franchir les seuils de notification, les entreprises devront veiller à ce qu’elles ne produisent pas d’effets anti-concurrentiels. Si tel devait être le cas, un contrôle ex-post des opérations les plus problématiques pourrait être envisagé.

Enfin, après analyse des règles déontologiques encadrant la profession vétérinaire, l’Autorité de la concurrence considère que certaines de ces règles sont susceptibles de restreindre excessivement la concurrence et recommande ainsi de supprimer plusieurs formulations portant sur la rémunération, la détermination des honoraires et la communication des vétérinaires. Elle préconise d’introduire deux nouvelles obligations dans le code de déontologie telles que l’affichage en ligne des tarifs des actes vétérinaires ainsi que la mention claire de l’appartenance d’une clinique à un réseau « corporate » sur tout document ou support de communication. 

Retrouvez ici le lien vers le communiqué de l'Autorité de la concurrence, et ci-dessous, l'avis complet. 

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